Antonio de la GANDARA
1861- 1917
par Xavier MATHIEU
Ses oeuvres :
1894 Natures mortes
1899 La colonne du Luxembourg
1902 Le bassin du Jardin du Luxembourg
1904 Etude dans un parc
1909 Parc de Saint Cloud
Xavier MATHIEU vous propose :
Le jardin du Luxembourg et le château de Monceaux
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LA COLONNE DU LUXEMBOURG dit aussi un coin du LuxembourgHuile
sur toile. 100
x 66cm. HISTORIQUE:
Resté dans la famille de Charlotte Saint André « Toile
rectangulaire de 100 x 66 cm enchâssée dans un cadre de bois doré avec
double bordures, l’une en forme de tulipes, l’autre à l’extérieur
composée de groupes de trois perles. Ce paysage…représente « Le
Bassin » du Jardin du Luxembourg où se reflète « La colonne »,
il porte pour nom soit l’un soit l’autre, le premier a été peint en
1902, l’autre en 1889 ; avec un angle très étudié et un éclairage
particulier sur les bois aux feuillages d’Automne, il a vraiment un
caractère des plus personnel… » (dixit Charlotte par écrit) Inscriptions
au dos d’un N°1130 ou 1430 Collection privée de la famille de l’Artiste |
A propos du tableau du château de Monceaux :
interview
sur "Le Jardin de mes rêves" Dans
Lectures pour Tous, n° 1, p. 2-31 Par
Rio Armand Oct
1913
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"Le
plus beau jardin du monde, nous déclare-t-il immédiatement, c'est le
jardin à la française. Le style anglais manque de discipline, sous prétexte
de reproduire la nature et de nous en offrir un diminutif. Sans règle,
pas d'art; et le jardin est un art. J'estime qu'en France, de la
Renaissance au XIXème siècle, nous en avons atteint le summum. Rien ne
peut dépasser Versailles. Pour
ceux qui se mettent l'esprit à la torture pour inventer un jardin
moderne, dites-leur donc, de ma part que le beau jardin d'aujourd'hui et
de demain, c'est le jardin d'hier. Nous
n'avons pas d'architecture et nous copions nos hôtels et nos châteaux du
18ème siècle. Comment songer à les entourer autrement que
par des jardin du 18ème siècle ? Et
puis, tenez, conseillez-leur encore, si d'aventure ils passent dans
l'Orne, de rechercher à une heure à peu près de Bagnes (NDLR Bagnole de
l’Orne), le château de Montceau (NDLR Monceaux). C'est là que j'ai eu,
il y a quelques années, au hasard d'une promenade, la plus jolie émotion
qu'un jardin m'ait jamais donnée. Imaginez, au milieu de la grasse [ill.]
normande, l'apparition soudaine d'un pavillon Louis XV à demi brûlé par
la Révolution et abandonné depuis deux siècles; les fenêtres sont restées
pieusement fermées. Le temps, les averses, les souris et les rats ont
tellement miné les vieux murs que le moindre coup les ferait s'ouvrir en
deux comme les feuillets d'un livre, et autour de cette ruine, qui fit
naguère le caprice d'un grand seigneur, imaginez encore le plus pur des
jardins à la française, avec des balcons, des buis donnant sur des vallées
splendides. Rien que des fleurs simples, des fleurs de curé, des fleurs
de chez nous, le dahlia, la rose, l'œillet d'Inde et rôdant dans les allées,
un vieux jardiner de roman. L'évocation
du passé fut pour moi si forte que derrière chaque bouquet je
m'attendais, je vous jure, à voir apparaître une robe et un visage du 18ème
siècle. Et depuis chaque été, partant en vacances, je fais un crochet
pour aller revoir le vieux jardin dont je suis amoureux. Je ne sais pas de
plus charmant modèle à conseiller." |
ANTONIO DE LA GANDARA
"Paysagiste exquis, aux tonalités automnales et que les crépuscules des beaux soirs enchantent, M. Antonio de la Gandara a aimé s’accouder au bord des terrasses, devant les parterres, au seuil des bassins d’eau. L’âme énamourée des coquettes marquises de Pater et de Lancret a vécu pour lui dans les confidences que les sites de Versailles, des Tuileries et du Luxembourg lui ont souvent transmises. C’est dire assez combien le peintre de tant de grandes dames, d’hommes d’élite et de purs parcs royaux demeure dans la tradition espagnole par atavisme, anglaise par élection et française aussi par le goût discret, l’arrangement heureux dont il sait si bellement marquer toutes ses oeuvres. Talent original et souple, l’artiste tient à ses grands ancêtres dont il est parmi nous le continuateur; mais, en même temps, peintre averti des aspects de la vie contemporaine, du mouvement, des goûts et de la sensibilité plus moderne des êtres, il sait par la nerveuse sveltesse, par la grâce languissante, par la nonchalante pose de ses femmes délicates, de ses personnages se mêler étroitement à l’époque."
Album
Mariani – Tome XI
Fleury, M, 1896-1908
Guillaume APPOLINAIRE sur Antonio de La GANDARA
"Salle III. Les paysages parisiens de M. de la Gandara ont quelque chose de lointain et de mélancolique. Leur atmosphère sourde et délicate ressemble à celle de certaines journées d’été."
Chroniques des Arts
(1902-1908) Gallimard: (au XXIIIème Salon de la Société Nationale des
Beaux-Arts)
Vie
et Oeuvres de Antonio de La GANDARA
"“La
Gandara (Antonio de), peintre français, né à Paris en 1862, mort dans cette
ville le 30 juin 1917. Très jeune, en 1876, il entra à l’Ecole des
beaux-arts et il y fut jusqu’en 1881 élève de Gérome. Mais son admiration
allait surtout aux portraitistes d’Espagne et d’Angleterre. La famille de
son père était, du reste, espagnole, celle de sa mère anglaise. Il est
remarquable que l’artiste moderne ait su, dès ses débuts, synthétiser les
traditions des deux races qui se confondaient en lui et donner ainsi à ses œuvres
un caractère tout à fait particulier. (...)
Les
succès du portraitiste ont fait tort au paysagiste qu’était également
Antonio de La Gandara. Dès 1896, il avait envoyé au Salon un Coin des
Tuileries ; pour se délasser, il aimait à brosser des vues de Paris
et surtout des vues de parcs. Là encore, il avait été guidé par l’exemple
des Jardins de la villa Médicis de Diego Velasquez. Avec moins
d’opulence, sans doute, mais avec un sens artistique d’une acuité rare,
l’artiste moderne avait tracé des vues nombreuses du parc du Luxembourg :
la Colonne (1899), le Bassin (1902), le Statue de Mme de
Montpensier (1909), sans parler d’études diverses du jardin cher à
Watteau ou des Tuileries ou même de Versailles (la Statue d’Apollon
[1914]). Amoureux du style et des lignes harmonieuses, La Gandara trouvait en
ces motifs une ordonnance déjà parfaite ; il en accentuait encore le
parti décoratif, cherchait avec soin la courbe d’une tige de fleur ou
d’arbre, le dessin d’un bouquet de corolles ou de feuilles, les rapports de
tons discrets et riches. A plusieurs reprises, il se servit de ces motifs comme
fonds de ses portraits ; ainsi fit-il pour une Jeune Femme et une
Vieille Femme dans un parc (1901) et pour le Jeu de cache-cache
(1902). De Paris même, il avait, dès ses débuts, donné des Effets de nuit
sur le boulevard ; plus tard, il revint aux architectures choisies et
peignit Notre-Dame, la place de la Concorde, la place des
Victoires (1913) : celle-ci est l’une de ses plus parfaites études ;
elle rivalise de perfection avec une vue de la Porte Saint-Denis, assez récente.
Le peintre ne négligeait pas d’animer ses paysages de petits personnages, et
son souci de la vérité des attitudes, de la sobriété de l’exécution leur
donnait un caractère fort précieux. (...)
Les élégantes figures de La Gandara resteront, cependant, des exemples précieux des modes de la troisième République, comme celles d’un Winterhalter le sont pour les modes su second Empire. Mais les amateurs d’art délicat continueront, sans doute, à rechercher ses jolies vues de jardins et de rues de Paris, comme ils recherchent encore les petits paysages d’un Jean Breughel ou les délicates vues vénitiennes d’un Guardi ou d’un Marieschi."
Larousse
Mensuel Illustré - n° 128 - Octobre 1917
Fresque
de l'histoire des jardins et du paysage