Le
romantisme
Tandis
qu’au XVIII ème siècle la peinture de la nature est purement descriptive ,
statique et maîtrisée par la raison, les romantiques lui apporteront leur
propre sensibilité , l’imprégneront de leur nostalgie, et parfois de leur désarroi
devant l’immensité des éléments.
-
Robinson Crusoë de De Foe 1719 , la puissance de la nature
-
la suprématie des droits de l‘individu sur les règles et les conventions
sociales avec la Nouvelle Héloïse de Rousseau 1761
-
le sens de l’histoire et de légende de Shakespeare
-
le goût des ruines de Hubert Robert et Diderot
Tout
cette poétique des ruines et du temps passé , le goût pour l’antiquité
sont mis à
la
mode par les campagnes des fouilles archéologiques et la découverte vers 1755
d’Herculanum et Pompéi.
Friedrich
, Turner, ou Corot évoquent dans le paysage le prolongement de sa mélancolie
ou de ses songes. Il ne s’agira pas réellement d’un panorama ni de
l’observation directe d’un
site, mais d’un choix d’éléments élus en fonction de leur valeur
sentimentale. Nécessairement, il s’agit d’un lieu retiré , ‘asile d’un
jour pour attendre la mort’ comme dit Lamartine dans le Vallon.
C’est
alors qu’on y ajoute un souvenir du passé, ruine ou cathédrale gothique, une
échappée vers un ciel brumeux, vers la mer estompée dans l’horizon.
Souvenir,
et promesse de repos, le paysage inclut l’image du rêveur qui s’immobilise
dans la contemplation, ou répète un geste auguste d’autrefois comme les
paysans de Millet.
La
présence de personnages confirme la suspension du temps, l’épanchement de
l’âme dans le vide, le choix d’une heure incertaine, le crépuscule ,
renforce ce sentiment d’une vie qui meurt.
La
présence de tombes invite à la méditation.
Dans
le romantisme vit un sentiment de révolte : révolte métaphysique aussi bien
que révolte sociale et politique , le romantisme a parti liée avec la révolution
:
l’insatisfaction
de l’individu pour ce qui est , son ennui au sein de l’ordre établi, son élan
vers le divin, vers l’infini, ou simplement vers autre chose, se matérialise
enfin.
De
1789 à 1815 , l’Europe est déchirée par la guerre, Hubert Robert peindra la
démolition de la Bastille.
Delacroix
La liberté guidant le peuple 1830, combat de la génération romantique pour la
liberté, Goya pour le tableau des
éxecutions du 3 Mai 1808
Toute
la première moitié du XIX ème siècle voit la combinaison de la révolution
française et de la révolution industrielle (autorité contre liberté,
tradition contre liberté et individualisme, lutte contre l’esclavage des
noirs, introduction du code Napoléon, apparition des constitutions,
reconnaissance de la nationalité ...).
La
peinture romantique fut la transposition sur le plan de l’art , d’une
nouvelle façon de concevoir l’homme et la nature. Cette nouvelle façon de
penser amènera la bourgeoisie au pouvoir, ( comme chez Ingres, on voit son rang social, sa culture, sa richesse, c’est la pose ou
l’attitude qui compte , la personne est subordonnée au personnage ),
la croyance au progrès, au libéralisme, à la révolution dans tous les
domaines .
Le
cadre de vie se transforme , le jardin à la française d’une rigueur
classique est abandonné pour le jardin anglais qui imite la nature.
En
art, le paysage qui n’était toléré que lorsqu’il était animé, comme
chez Poussin, par des nymphes, des satyres, ou des personnages mythologiques va
être accepté en tant que tel, particulièrement chez Constable et Turner.
Caspar
David Friedrich dit ‘ le peintre
ne doit pas seulement peindre ce qu’il voit devant lui, mais aussi ce qu’il
voit en lui ’. Il affectionne les couchers de soleil, les monuments ou les
personnages à contre-jour, les paysages lunaires, les arbres squelettiques. Il
s’intéresse aux phénomènes de la nature, aux variations atmosphériques, à
la succession des saisons.
Le
romantisme a ouvert la porte à tous les courants qui vont marquer l’évolution
de l’art : le symbolisme, l’impressionnisme, aussi bien que le cubisme ou
l’abstraction .
Il
n’y a plus de règles, plus de préceptes, ni de garde-fous, tout est désormais
possible.
La
sculpture réagit, l’élément central de la sculpture de cette époque est le
corps humain. Les sculpteurs créent une nouvelle grécité idéale non en
copiant ou en imitant , mais en reportant dans leur contexte présent leurs
aspirations à l’égard de cette culture grecque idéalisée et sacralisée.
Des
bustes sculptés apparaîtront partout , aussi bien à l’intérieur qu’à
l’extérieur dans les parcs .
Jean
Baptiste Carpeaux (1827-1875) exécute
le groupe d’Ugolin et ses enfants, avec ses tendances sensualistes, anti-académiquesen
1862, en 1869 , il crée son célèbre groupe de la Danse à l’opéra de
Paris, et les Trois Grâces.
David
d’Angers crée près de 150 bustes , parmi lesquels Goethe, des statues, des
reliefs pour le fronton du Panthéon et pour l’Arc de Triomphe de Marseille.
C’est
l’apogée du néo-gothique en architecture.
En
architecture, à partir de 1870 Louis
de Bavière fit construire des châteaux , notamment fantastiques, comme celui
de Neuschwanstein , château fort, de
conte de fées trés romantique, dans le genre roman, repris
plus tard dans les parcs
d’attraction.
Partout
en Europe on se mit à restaurer et à aménager des châteaux historiques.
On
trouve des architectes révolutionnaires comme Claude-Nicolas Ledoux (1736-1806)
et sa ville idéale . Pour lui, construire, c’est parler en métaphores. Le
construit est la représentation d’une idée.
Napoléon
calma leur ardeur, il se considérait
comme le sucesseur des empereurs romains, il voulait son nouveau style impérial
de luxe monumental.
En
18O6, Jean-François Chalgrin construisit l’arc de Triomphe de l’étoile
sous sa demande
Le
siècle romantique rêva de réaliser en architecture la fusion entre
l’antique et le gothique.
Viollet
le Duc (1814-1879) applique à la construction et à la restauration des cathédrales
et des châteaux ses théories d’ingénieur d’architecture raisonné.
Espérandieu
Henri (1829-1874) en 1855 dirige les travaux de la cathédrale de Marseille,
l’église de pèlerinage de Notre Dame de la Garde, et le palais Longchamp (
vaste arc de cercle bâti autour d’un groupe de figures monumentales dues à
Bartholdi et représentant une allégorie du fleuve de la Durance qui depuis
1847 alimente en eau la ville de Marseille par un aqueduc.
Charles
Garnier (1825-1898) crée le style Napoléon III à l’Opéra de Paris en 1874.
La
pensée architecturale de Garnier, c’est la variété des matériaux utilisés
et assortis avec raffinement, combinaisons de couleurs
très originales et de formes d’une imagination exubérante.
Haussmann
(1809-1891) commence les grands travaux de Paris, d’assainissement et
d’embellissement de la ville.
L’écrivain
romantique veut être lui-même, neuf, vierge, inattendu, et n’accepte pas
d’être un héritier ou un successeur.
De
Goethe, à Rousseau en passant par Lord Byron, , Grimm, Lamartine, Sand,
Chateaubriand,
Stendhal, Hugo, Balzac , Musset, Poe , ils
sont tous des écrivains romantiques , donc engagés, mais d’approche
très différente. L’écrivain romantique est aussi un artiste. Proche de la
nature, et encore plus que le sentiment de la nature, et l’aspiration
religieuse, l’amour est un élément dominant du romantisme intérieur surtout
du point de vue moral ou sociologique. C’est l’époque des ballades, romans,
poèmes, style simple , populaire où
s’expriment le goût du passé, roman historique ,
l’amour des formes d’art populaire, mystère et terreur,roman de
voyage ou d’aventure où l’écrivain
se confond avec le héros.
Apparition
des critiques littéraires, d’’art et dramatiques, le théâtre se développe
(Gauthier, la bataille d’Hernani 1830 ) ainsi que l’opéra et le ballet (Rossini 1815).
La
musique du romantisme est la musique des compositeurs d’opéra :
Rossini,
Weber, Schubert , Beethoven , (
Mozart) au début du XIX ème siècle, proportions
grandioses (5 heures de musique, orchestre riche et varié, récitatifs
dramatiques, vastes choeurs scéniques, mise en scène pompeuse.
Il
faudra attendre 1830-1840, pour trouver l’esthétique mélodramatique, mise en
scène fastueuse, écriture vocale généreuse, orchestration brillante.
Le
culte de Beethoven sera voué après sa mort en 1827. On recherche
l’expression à outrance , ‘ le suspense ‘. On met en musique Shakespeare,
Mérimée, Hugo.
La
révolution de 1848 inaugure à
l’opéra le grand répertoire romantique :
Verdi
et Wagner . Le musicien romantique le plus célèbre
: Paganini.
Puis
vinrent Berlioz, Mendelssohn, Schumann, Chopin,
Listz pour marquer l’apogée du romantisme.
On
cherche l’action et l’efficacité de la musique dans la liberté de
l’invention, dans le caractère affectif de l’expression ,pour la forme de
la variation plutôt que dans
l’usage des procédés formels, la musique devient contemplative et méditative,
pour le jaillissement continu de l’inspiration.
Premier
traité d’instrumentation par Berlioz, le romantisme fait dialoguer les
instruments, tandis qu’il enrichi son ensemble, l’orchestre accentue le
relief et l’expression des timbres, bien plus que des contrastes thématiques.
Dans
la France du premier XIX ème siècle, la paysannerie n’a pas bonne presse.
On
déplore les insuffisances de rendement, on dénonce le morcellement et la jachère.
A partir de 1850, l’agriculture de subsistance liée à un espace régional
s’efface lentement devant l’ouverture d’un marché commun national.
La
terre est domestiquée. En 1882, c’est la hausse du produit agricole de 80 %,
les campagnes s’enrichissent , c’est l âge d’or. De 1800 à 1914 ,
l’agriculture et le monde paysan se sont profondément transformés par le jeu
de l’évolution de l’économie et de la société. Ce changement rend
d’autant plus conventionnel et irréaliste l’image d’un paysan immuable,
fossilisé que renvoient au public toute une littérature rustique et une
peinture modelées par une mythologie agraire et une vision bucolique de la vie
aux champs.
.
Un peintre paysager romantique.
Jean-Baptiste
Camille Corot 1796-1875
Corot
peint en plein air, dans les bois de Saint-Cloud, Fontainebleau ...
Il
part en Italie trois ans, il peint des fabriques sur les rives du Tibre,
recherchant l’univers de Poussin. Il peint les monuments de Rome depuis les
jardins Farnèse.
La
famille Corot fit construire un petit trianon dans son jardin. Il fut influencé
par Poussin , Lorrain Hubert Robert et Fragonard. Paysages historiques, fidélité
du paysage, et de la topographie. Constable et Turner avaient marqué Corot.
Baudelaire
reconnaissait en lui le chef de l’école des paysagistes, Delacroix, le père
du paysage moderne, Zola voyait en Corot le précurseur de l’ impressionnisme.
Paysage poétique.
Ce
n’est pas un paysagiste, c’est le poète même du paysage, l’insistance
sur la forme et le ton aux dépens du détail. Il s’intéressait beaucoup à
la photographie.
Il
recherche l’harmonie dans les tons, la valeur des tons pas la couleur. Il débutait
par le dessin, puis le rapport des formes et des valeurs, et après la couleur .
Les
arbres chez Corot, encadrent souvent le paysage, en faisant alterner bosquet et
fût solitaire. Ils organisent les grandes masses et en distribuent les valeurs
:
sombres
pour les bosquets, plus claires pour les arbres solitaires. Ainsi les bosquets
donnent le volume, tandis que l’arbre isolé produit le frémissement, délivre
une vibration particulière et ajoute un valeur de sentiment.
Jean-Baptiste
Camille Corot est considéré comme le plus grand paysagiste de l’époque de
transition entre classicisme et romantisme. Il travailla à Barbizon,
contribuant à l’éclosion de cette école. C’est là qu’il s’attacha à
l’étude de la lumière, des couleurs et des impressions. Corot reste, néanmoins,
un indépendant, qui enrichit son expérience italienne de la lumière de ses études
en France. Corot a produit près de trois mille Oeuvres. Il y a combiné réalisme
et lyrisme, sobriété et délicatesse de composition. Il a éliminé de ses
tableaux de nombreux détails et cherché à traduire l’impression laissée
par la vue d’un paysage ; son point fort est la suggestivité avec
laquelle il y parvint. Sa façon de traiter la lumière et l’atmosphère est
inimitable, notamment dans les aurores ou les crépuscules. Ses couleurs sont
fraîches et argentées : verts, gris et bruns pâles.
Cathédrale
de Chartres 1830, Tivoli , les
jardins de la villa d’Este 1843
Vue
prise dans la forêt de Fontainebleau 1831, Site d’italie 1842
La
campagne romaine 1831, Vasque de la villa Medicis 1826
Matinée,
Crépuscule, Le soir, effet du matin, 1849
Le
christ au jardin des oliviers 1849 , Avignon 1836
la
danse des nymphes 1851, Dante et Virgile 1859
Macbeth
et les sorcières 1859, Orphée et Eurydice 1861
Souvenir de Mortefontaine 1864 , Le catalpa 1869.
.
Un peintre paysager romantique
John Constable 1776-1837
Bien qu’il attendit des années la reconnaissance de son génie, Constable est, avec Turner, le plus grand paysagiste anglais.
Ses
Oeuvres se différencient, cependant, de celles de ce dernier par une étude
directe de la nature et un effort de spontanéité. Il finit par connaître un
certains succès en devenant membre de la Royal Academy, en 1819. La France,
toutefois, lui réserva un meilleur accueil. C’est dans ce pays que son
influence s’est fait sentir, d’abord sur les romantiques, puis sur les
peintres de l’école de Barbizon. Heath at Hampstead 1796
La
charette de foin 1821
Fresque
de l'histoire des jardins et du paysage
Art architecture peinture paysage